Le conservateur Doug Ford a remporté les élections en juin dernier, avec une proportion de plus de 40% des votes exprimés, ce qui représente 76 députés élus, il forme donc un gouvernement majoritaire. Dès la formation de son cabinet de 21 ministres, des signaux inquiétants ont été transmis, dont le retrait des termes "Changements Climatiques" du titre du ministre de l'environnement. C'est à l'image de l'administration Trump, qui a demandé à l'EPA dès son entrée en fonction en janvier 2017 de retirer la section sur les changements climatiques... Ça n'existe plus les changements climatiques! Parmi les principales promesses électorales du programme populiste de M. Ford, la fameuse promesse de réduire le prix de l'essence de 10 cents le litre. Pour y parvenir, il a promis avant même son assermentation qu'il allait démanteler le programme actuel de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone (Cap and trade, ou bourse du carbone). Le 3 juillet dernier, ce programme a été démantelé officiellement. L'Ontario avait rejoint le Québec et la Californie en janvier dernier. La participation de l'Ontario n'aura donc duré que 6 mois. Le nouveau gouvernement affirme que la suppression du système de plafonnement et d'échange permettra aux ménages et aux entreprises de l'Ontario d'économiser 1,9 milliard de dollars par année. Évidemment, ce gouvernement ne parle pas des coûts de la pollution atmosphérique sur la santé de sa population. La semaine suivante (11 juillet), le gouvernement Conservateur de Doug Ford a mis fin au programme d'incitatifs pour l'achat ou la location de véhicules électriques (ou à hydrogène) neufs. Cet incitatif, pouvant atteindre $14 000 est simplement annulé. Cette mesure draconienne sert également à réduire le coût de l'essence. "Étant donné que le Programme d'incitation pour les véhicules électriques et à hydrogène et les programmes d'incitation à la recharge des véhicules électriques sont financés par des fonds du programme de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone, ces programmes sont annulés", a indiqué le ministère des Transports de l'Ontario. De plus, le Programme d'incitatifs à la recharge de véhicules électriques est annulé à compter de cette même date (11 juillet). Les bornes de recharge achetées et/ou installées avant cette date pourront recevoir des incitatifs si la demande est présentée dans les 60 jours suivant le 11 juillet 2018. Qui dit prix de l'essence plus bas, dit plus de consommation, donc plus de pollution. Pour financer ça, on coupe dans les programmes environnementaux et de transport zéro émission. On arrête pas le progrès! Le cas de la Colombie Britannique Cette province est la pionnière au Canada en matière de tarification du carbone. En effet, saviez-vous qu'une taxe carbone est appliquée depuis 2008? Ça fait donc plus de 10 ans. Et les impacts sur l'économie? Selon le site web de la province, (https://www2.gov.bc.ca/gov/content/environment/climate-change/planning-and-action/carbon-tax) l'économie à progressé de 17% alors que les émissions des GES ont diminué de près de 5%. Élections à venir cet automne au Québec Déjà nous apercevons des pancartes pré-électorales, ce qui signifie que les machines électorales sont bien enclenchées. Un récent sondage sur des groupes FaceBook ont attiré mon attention sur ce qui pourrait se passer sur les programmes qui ont été démantelés par les conservateurs en Ontario. Les positions de certains partis politiques sont plutôt bien connues sur l'électrification des transports et les enjeux environnementaux. Je pense ici au gouvernement Libéral sortant et au Parti Québécois. Là où le portrait est moins clair, c'est du coté de la Coalition Avenir Québec (CAQ). J'ai donc consulté les orientations de la CAQ sur leur site web : on y apprend ce qui suit pour les différentes catégories d'enjeux :
Devant l'incertitude des affirmations contenues dans les orientations, je me suis donc adressé aux députés concernés de cette formation politique :
Dans le contexte actuel, où le nouveau gouvernement Ford de l'Ontario vient de sabrer dans 2 importants programmes liés à l'environnement et l'électrification des transports :
Réponse obtenue de l'attaché politique du député de Masson, Mathieu Lemay : En ce qui concerne le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE), nous croyons fermement au maintien de ce programme qui s’avère être une source de revenus importante pour le Fonds vert. Le chef de la Coalition Avenir Québec, monsieur François Legault, a par ailleurs pris l’engagement de conserver ce programme en mars dernier lorsque monsieur Ford avait alors énoncé sa proposition. Pour ce qui est du programme Roulez Électrique (sic), la CAQ entend assurément maintenir des incitatifs afin que de plus en plus de Québécois puissent acheter des véhicules à faible ou zéro émission. Monsieur Lemay, porte-parole en Environnement, a activement travaillé sur le projet de loi No. 104, la loi concernant les véhicules zéro émission afin de permettre d’obtenir une loi qui allait faciliter l’atteinte de nos objectifs. Force est toutefois de constater que l’objectif de 100 000 véhicules électriques au Québec d’ici 2020 du gouvernement libéral sera difficilement atteignable et que les mesures prises par les libéraux d’imposer des crédits aux fabricants automobiles risquent d’avoir des conséquences financières sur les consommateurs. Un tel programme est donc important pour l’atteinte de nos objectifs ambitieux, mais il faut s’assurer de la réussite des incitatifs * . Il semble que nos programmes ne seront pas à risque de démantèlement au Québec, d'ici 2020 à tout le moins. * La dernière affirmation de la CAQ fera l'objet d'une prochaine chronique. sources :
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AuteurRichard Lemelin Archives
Janvier 2019
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