1/18/2019 La règle du 3x, confirméeNous avons appris par un article de Paul-Robert Raymond, publié dans l'édition du 17 janvier 2019 du Soleil que la première station multicarburants qui pourra effectuer des pleins d'hydrogène sera fonctionnelle dans quelques semaines. Financée avec pas moins de $3,9 millions d'argent public, cette station sera bientôt livrée à son exploitant, le groupe Harnois Énergies. Le plus intéressant dans l'article du Soleil, c'est la quantité d'énergie qui est requise pour fabriquer un kilogramme d'hydrogène : il faut compter pas moins de 55 kWh d'électricité (et 10 litres d'eau) pour produire 1 kg d'hydrogène par le procédé d'électrolyse de l'eau. Or, il faut compter environ 5 kg d'hydogène pour remplir les réservoirs d'une Toyota Mirai, le véhicule acheté par le précédent gouvernement (Libéral) en 50 exemplaires. La Toyota Mirai dispose d'une autonomie de 502 km (EPA) avec ses 5 kg d'hydrogène. Si mes calculs sont bons, il faut compter 1kg d'hydrogène pour parcourir 100 km. Nous pouvons ainsi déduire que 55kWh d'électricité sont requis pour qu'une Toyota Mirai puisse parcourir 100 km. Comparons maintenant cette consommation avec des véhicules électriques à batterie comparables. Selon Ressources Naturelles Canada, les véhicules électriques à batteries répandus sur le marché consomment entre 15,5 et 19,6 kWh pour parcourir 100km. Nous avons calculé une moyenne de 18,2 kWh pour les 7 véhicules électriques répandus sur le marché, illustré dans le tableau ci-dessous. Un autre savant calcul (55 kWh / 18,2 kWh = 3,02) nous permet d'affirmer que la Toyota Mirai (à hydrogène) utilise 3x plus d'énergie qu'un véhicule 100% électrique (à batterie) pour parcourir la même distance, tel que je l'avais mentionné dans le mémoire que j'ai présenté en commission parlementaire portant sur la loi VZE, en 2016. On y constate qu’en bout de ligne, pour une voiture à hydrogène il reste 3 fois moins d’énergie disponible que pour une voiture électrique à batterie. Or, consommer 3 fois plus d’énergie pour faire la même chose, ce n’est pas du développement durable, c'est du gaspillage d'énergie, même si la source est propre. $3,9 millions d'argent public pour faire la promotion du gaspillage d'énergie avec une flotte de 50 véhicules mis en service dans différents ministères et organismes, qui consomment 3X plus d'énergie que des véhicules électriques à batterie, c'est du développement durable ? MAJ (21 janvier 2019)
La publication d'un autre article du journaliste Paul-Robert Raymond dans le Soleil du 21 janvier ("Le mirage de l'auto à hydrogène") a mis en lumière le non-sens énergétique publié dans cette chronique du 18 janvier. Je suis ravi d'avoir permis à exposer cette aberration énergétique. Nous y avons appris que le coût du kilogramme d'hydrogène serait prévu à un prix à la pompe de $10, ce qui serait sans aucun doute une vente à perte, considérant qu'en Californie, les prix sont de l'ordre de 14 à 17$ (US). Alors peut-être que les coûts d'infrastructures subventionnées avec plus de $3,9M de fonds publics n'ont pas été calculés dans les coûts de production ? Une autre question se pose : Est-ce que la seconde station à hydrogène dans le secteur de Montréal fera l'objet également de généreuses subventions de Transition Énergétique Québec (TEQ), en 2019 ? Ou sera t-elle financée entièrement par Honda ? $3,9M en fonds publics pour 50 véhicules à hydrogène, ça représente $78 000 par véhicule. C'est donc plus cher que de déployer une borne rapide (BRCC à 400 volts) pour chaque véhicule électrique.
Le gouvernement Couillard vient d'accorder plus de 8 millions de dollars en subventions, par voie de décret, pour des projets de stations multicarburants, lesquels incluent l'hydrogène. En plein dans la pointe de la période de vacances, comme si on voulait que ça passe sous le radar.
En effet, le Le Devoir a rapporté les faits dans son édition du 31 juiilet. Nous apprenons que des $8,25 millions accordés à Transition Énergétique Québec (TEQ, auparavant une division du MERN), $6,2 millions seront versés dans la prochaine année pour financer 2 projets multicarburants, dont le premier qui verra le jour à Québec au début 2019. Le second projet serait destiné à une station dans la Métropole.
Si mes calculs sont bons, $6,2 millions pour 2 stations, ça donne $3,1 millions de subvention par station. À cela, il faut ajouter $1 millions provenant d'un programme fédéral ainsi que $2 millions injectés par le groupe Harnois, propriétaire de plusieurs stations du même nom ainsi que plusieurs autres sous la bannière Esso.
Le groupe Harnois a annoncé son projet de station multicarburants le 12 juin dernier, confirmant la première station à Québec, située sur le boulevard Hamel, près de l'autoroute 73 (Henri-IV). Dans le communiqué de presse, on peut y lire ce qui suit : "La construction et l'opération de cette station de ravitaillement, qui pourra produire jusqu'à 200 kg d'hydrogène par jour, s'inscrivent dans le cadre du banc d'essai de Toyota Canada, dont la livraison de 50 Mirai est prévue d'ici la fin de l'année."
Vous avez bien lu, une station qui demande plusieurs millions d'investissement pour :
Sachant qu'un véhicule à hydrogène ayant une autonomie d'environ 500 km dispose de réservoirs pouvant contenir environ 5kg d'hydrogène, cela signifie qu'une telle station ne peut que faire 40 pleins par jour (ou 50 si on considère qu'il reste en moyenne 1kg dans le réservoir au moment du plein). Sachant qu'un plein prend théoriquement 5 minutes à faire, une seule borne de distribution peut mettre à sec la production entière d'un journée en un peu plus de 3 heures. Est-ce qu'il y aura des pénuries d'hydrogène, comme c'est le cas actuellement dans plusieurs stations en Californie ?
Bref, si les 50 Mirai de la flotte gouvernementale se pointent pour faire le plein le même jour, il n'y aura pas suffisamment d'hydrogène produit pour cette petite flotte.
Électricité Une borne rapide pour véhicule électrique, si on la compare avec une station à hydrogène, peut faire le plein de véhicules électriques en moyenne à chaque 30 minutes. Ce qui donne 2 pleins à l'heure, donc 48 pleins en 24 heures. Donc, théoriquement, autant de pleins par jour qu'une station à hydrogène, pour 25 fois moins cher ($ 2 millions vs. $80 000).
Efficacité énergétique
Tel que je l'ai mentionné dans le mémoire que j'ai produit avec la collaboration de Pierre Langlois pour la loi VZE : L’hydrogène, si produite par électrolyse de l’eau, demande 3 fois plus d’électricité que celle requise par un VÉB ou VHR en mode électrique, pour la même distance parcourue. Cela demeure vrai en juillet 2018, car les nouvelles de la méthode prétendue révolutionnaire de production d'hydrogène à faible coût de la société Henergy, ne sont pas bonne, tel que l'a rapporté Daniel Breton dans son billet paru le 28 juillet dernier. Ça ne fonctionne pas. Avec 100 kWh d'électricité, il reste 23 kWh utilisables si on utilise l'électrolyse de l'eau et la méthode de compression pour le transport vers la borne de ravitaillement.
On y constate qu’en bout de ligne, pour une voiture à hydrogène il reste 3 fois moins d’énergie disponible que pour une voiture électrique à batterie. Or, consommer 3 fois plus d’énergie pour faire la même chose, ce n’est pas du développement durable, lequel doit privilégier l’efficacité énergétique.
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AuteurRichard Lemelin Archives
Janvier 2019
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