6/2/2019 0 Commentaires Électrification du Québec - des objectifs de réduction de Pétrole et de GES réalisables ?Le premier ministre François Legault a déclaré lors du conseil général de la Coalition Avenir Québec que 3 grands chantiers seront lancés pour "électrifier le Québec". L'objectif est de réduire la consommation de pétrole de 40% d'ici 2030. Par extension, si 40% moins de pétrole est consommé, les émissions de GES doivent suivre une diminution similaire. D'ailleurs, Québec doit dévoiler l'an prochain son plan de réduction des GES qui cible une réduction de 37,5% de ces derniers, d'ici 2030. Cette cible a été officialisée par le précédent gouvernement, pendant la conférence sur les changements climatiques de Paris, en 2015. Ça laisse donc 10 années pour atteindre cette cible de réduction de pétrole de 40%, et par extension, 37,5% de réduction d'émission de GES. Pour y arriver, M. Legault a annoncé un plan, lequel prévoit des investissements majeurs, mais uniquement dans le transport collectif. M. Legault a dressé une liste de sept projets qu'il souhaite mettre en branle : - Réseau électrique métropolitain (REM) - Extension du REM sur la Rive-Nord et la Rive-Sud - Prolongement de la ligne bleue du métro - Construction d'un tramway à l'Est de Montréal - Construction d'un tramway sur le boulevard Taschereau, sur la Rive-Sud - Construction d'un tramway à Québec - Construction d'un projet de transport sur rail à Gatineau La question suivante se pose : Est-ce réalisable de parvenir à réduire la consommation de pétole du Québec de 40% avec un plan comportant essentiellement des projets liés aux transports collectifs ? Analysons d'abord le portrait actuel de consommation de pétole et d'émissions de GES. Situation actuelle et cible 2030 - consommation de pétrole pour le secteur des transports routiers Selon Statistique Canada, le pays a consommé plus de 44 milliards de litres de pétrole pour l'année 2017, uniquement pour les véhicules routiers. La province ayant enregistré la plus forte augmentation en ce qui concerne les volumes de ventes brutes d'essences a été le Québec (+394,3 millions de litres) tandis que la Colombie-Britannique a affiché la baisse la plus élevée des volumes (-587,6 millions de litres). En ce qui concerne le Québec, plus de 8,8 milliards de litres d'essence et plus de 3 milliards de litres de diesel ont été vendus pour usage routier (ventes nettes). Nous avons donc un total cumulé de 11,8 milliards de litres de produits pétroliers consommés au Québec, uniquement pour le secteur du transport routier en 2017. Statistique Canada. Tableau 23-10-0066-01 Ventes de carburants destinés aux véhicules automobiles, annuel (x 1 000) Une réduction de 40% de 11,8 milliards de litres de produits pétroliers représente donc 4,72 milliards de litres de consommation à supprimer pour 2030, sur une base annuelle. Situation actuelle et cible 2030 - rejets de GES (inventaire de 2016 au Québec) En 2016, les Québécois ont rejeté 78,6 millions de tonnes (Mt) éq. CO2 de GES dans l’atmosphère, un niveau équivalent à ceux de 2015 et 2014, et qui correspond à une diminution de 9,1 % depuis 1990. De ces 78,6 millions de tonnes (Mt) éq. CO2 de GES émis au Québec en 2016, 43 % (33,8 Mt éq. CO2) sont attribuables aux transports, dont 27,0 Mt éq. CO2 pour le transport routier seulement, ce qui représente 34,4% de tous les GES émis au Québec. L’accroissement du parc automobile, l’augmentation de la puissance, du poids et des accessoires des véhicules ainsi que l’augmentation du kilométrage parcouru sont directement responsables de l’importante hausse observée dans le secteur des transports depuis 1990. Toutefois, entre 2011 et 2014, une baisse graduelle des émissions était observée dans ce secteur, mais une remontée est notée ces deux dernières années. Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2016 et leur évolution depuis 1990 (MELCC) Une réduction de 37,5% de 78,6 millions de tonnes de GES représente donc 29,48 millions de tonnes de GES à supprimer pour 2030, sur une base annuelle. Cette même réduction de GES (37,5%), appliquée au secteur des transports routiers (27 Mt), représente 10 millions de tonnes à supprimer pour 2030, sur une base annuelle. Distribution des modes de transports La SAAQ a publié un dossier statistique " Bilan 2016 des taxis, des autobus, des camions lourds et des tracteurs routiers", dans lequel on apprend que la répartition des véhicules routiers immatriculés au Québec va comme suit :
Dans ce même dossier statistique, on y apprend que la proportion des autobus représente 2,7% (1.2% + 1.5%) des véhicules routiers, tel que défini dans le tableau suivant : Consommation de carburant
Autobus Considérant que les autobus représentaient (en 2016) 18 946 véhicules sur les quelques 699 254 véhicules à vocation institutionnelle, professionnelle ou commerciale, soit 2,7%, on peut estimer leur consommation à 2,7% du carburant diesel consommé au Québec, puisque la quasi-totalité de ces véhicules fonctionnent avec ce carburant. Donc 2,7% de 3 milliards de litres de carburant diesel (voir le premier tableau) représente approximativement 81 millions de litres consommés annuellement. Véhicules de promenade Si l'ensemble des véhicules de promenade au Québec (approximativement 5 000 000) consomment 8,8 milliards de litres d'essence, on peut affirmer que 10% de ces véhicules, soit approximativement 500 000 consomment 880 millions de litres d'essence, sur une base annuelle. Scénario hypothétique Pour besoin de démonstration, prenons le scénario hypothétique suivant : une révolution du transport est provoquée par un ensemble de projets axés sur le transport collectif et arrive à combler la totalité des déplacements collectifs actuels, en plus de convertir 10% des transports actuellement effectués en mode non-collectif (automobile). Nous pouvons affirmer que :
Émissions de GES Nous pouvons affirmer que :
Résumé du scénario hypothétique lié aux transports collectifs Cet exemple a pour but d'illustrer que même si les 7 projets ciblés sur le transport collectif arrivaient à pouvoir retirer TOUS LES AUTOBUS au diesel dans la province de Québec, ainsi que 10% des véhicules de promenade circulant au Québec, la réduction de la consommation de pétrole sera inférieure à 1 milliards de litres, soit moins du quart de l'objectif de réduction annoncé par le M. Legault. Du côté des GES, la réduction de 3,2 millions de tonnes représente que 32% de l'objectif de réduction de 10 millions de tonnes de GES à supprimer dans le secteur du transport routier, pour 2030. La progression des véhicules électriques Réductions liées à l'hypothèse que le Québec disposera d'un million de véhicules électriques en 2030, conformément à l'objectif de la politique énergétique 2030 du précédent gouvernement en matière de véhicules électriques, soit 1 million de véhicules électriques en 2030, ce qui représente approximativement 20% du parc de véhicules légers, si bien sûr ce parc n'augmente pas d'ici 2030. En posant l'hypothèse que ce million de véhicules électriques sur les routes en 2030 font en sorte qu'un million de véhicules à essence sont retirés de la circulation, nous obtenons une réduction potentielle de 1,7 milliards de litre d'essence, soit 36% de l'objectif de réduction de 4,72 milliards de litres d'essence. Sur le plan des émissions de GES, ce millions de véhicules à essence en moins aurait pour effet de réduire les émissions de GES de 5,4 millions de tonnes. Grand Total (scénario transport collectif + 1 millions de véhicules électriques) Voici la somme des réductions combinées : Pétrole : 81 millions de litres + 880 millions de litres + 1,7 milliards de litres = 2,6 milliards de litres, soit 55% de la cible de réduction de pétrole dans le secteur des transports GES : 400 000 tonnes + 2,7 millions de tonnes + 5,4 millions de tonnes = 8,5 millions de tonnes, soit 85% de la cible de réduction des émissions de GES dans le secteur des transports Le secteur des transports, étant le plus important dans le bilan de la consommation de produits pétroliers et dans le bilan des émission de GES, ne peut pas rater sa cible, car un manque à gagner exigera des efforts irréalisables dans les autres secteurs pour compenser. Selon l'enquête Origine-Destination de Québec (EOD 2017), entre 2011 et 2017, l’usage de l’automobile a connu une croissance autant aux périodes de pointe (7,1 %) que sur une base quotidienne (12,9 %). En ne ciblant que le transport collectif, les cibles de réduction de consommation de pétrole et de réduction de GES pour le secteur du transport seront inatteignables, même si le Québec atteint sa cible de 1 million de véhicules électriques en 2030. Références :
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10/9/2018 0 Commentaires L'Avenir de l'Électromobilité au Québec avec un gouvernement de la coalition avenir Québec
En ce 9 octobre, L'AVÉQ nous apprend que les coffres du programme Rouler Électrique sont presque à sec, avec quelques mois à faire au rythme actuel des ventes de véhicules électriques. Avec un nouveau gouvernement à former, l'incertitude est omniprésente. Pour ainsi faire suite à la réponse obtenue en juillet dernier de l'attaché politique du député Mathieu Lemay (porte-parole en matière d'environnement, de développement durable, de faune et de parcs) nous avons transmis de nouvelles questions, que voici : Je désire donc revenir sur votre réponse du 19 juillet dernier, concernant le programme Rouler Électrique : "Pour ce qui est du programme Roulez Électrique, la CAQ entend assurément maintenir des incitatifs afin que de plus en plus de Québécois puissent acheter des véhicules à faible ou zéro émission." L'AVÉQ nous a appris aujourd'hui que les fonds disponibles pour ce programme seront épuisés sous peu, dans quelques mois. ref: http://www.aveq.ca/actualiteacutes/le-programme-roulez-electrique-presque-a-sec L'effet de suspendre ou abolir les incitatifs pour l'achat de véhicules électriques est directement relié au niveau des ventes, comme l'a démontré la suspension du programme "BC Clean Energy Vehicle program" en Colombie-Britannique en 2014 : ref: http://roulezelectrique.com/ventes-de-voitures-electrique-en-colombie-britannique-en-chute-libre/ Q1. Est-ce qu'un gouvernement de la Coalition Avenir Québec prendra action pour injecter de nouvelles sommes afin d'éviter un arrêt du programme, même temporaire ? Vous avez ensuite mentionné ce qui suit : "Force est toutefois de constater que l’objectif de 100 000 véhicules électriques au Québec d’ici 2020 du gouvernement libéral sera difficilement atteignable et que les mesures prises par les libéraux d’imposer des crédits aux fabricants automobiles risquent d’avoir des conséquences financières sur les consommateurs." Selon les dernières statistiques publié par l'AVÉQ avec les données de la SAAQ, on compte plus de 30 000 véhicules électriques au 30 juin dernier, au Québec. L'accélération des ventes est indéniable, avec la courbe de ventes qui dépasse même la projection "exponentielle" menant directement à la cible de 100 000 véhicules électriques en 2020 : Source : AVÉQ Q2. À la lumière des dernières statistiques démontrant l'accélération des ventes, considérant les crédits rétroactifs depuis 2014, que la demande des Québécois est supérieure à l'offre des constructeurs depuis plusieurs années et considérant que la loi VZE est effective depuis janvier 2018, est-ce que vous maintenez l'affirmation que les consommateurs subiront des conséquences financières de la part des constructeurs qui devront payer des pénalités VZE ? Vous avez également mentionné : Un tel programme (Rouler Électrique) est donc important pour l’atteinte de nos objectifs ambitieux, mais il faut s’assurer de la réussite des incitatifs. Q3. Quels sont les critères de réussite des incitatifs du programme Rouler Électrique selon la CAQ ? Ces questions ont été transmises à l'attaché politique de Mathieu Lemay, le 9 octobre 2018. La réponse sera publiée dans un prochain article.
Le conservateur Doug Ford a remporté les élections en juin dernier, avec une proportion de plus de 40% des votes exprimés, ce qui représente 76 députés élus, il forme donc un gouvernement majoritaire. Dès la formation de son cabinet de 21 ministres, des signaux inquiétants ont été transmis, dont le retrait des termes "Changements Climatiques" du titre du ministre de l'environnement. C'est à l'image de l'administration Trump, qui a demandé à l'EPA dès son entrée en fonction en janvier 2017 de retirer la section sur les changements climatiques... Ça n'existe plus les changements climatiques! Parmi les principales promesses électorales du programme populiste de M. Ford, la fameuse promesse de réduire le prix de l'essence de 10 cents le litre. Pour y parvenir, il a promis avant même son assermentation qu'il allait démanteler le programme actuel de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone (Cap and trade, ou bourse du carbone). Le 3 juillet dernier, ce programme a été démantelé officiellement. L'Ontario avait rejoint le Québec et la Californie en janvier dernier. La participation de l'Ontario n'aura donc duré que 6 mois. Le nouveau gouvernement affirme que la suppression du système de plafonnement et d'échange permettra aux ménages et aux entreprises de l'Ontario d'économiser 1,9 milliard de dollars par année. Évidemment, ce gouvernement ne parle pas des coûts de la pollution atmosphérique sur la santé de sa population. La semaine suivante (11 juillet), le gouvernement Conservateur de Doug Ford a mis fin au programme d'incitatifs pour l'achat ou la location de véhicules électriques (ou à hydrogène) neufs. Cet incitatif, pouvant atteindre $14 000 est simplement annulé. Cette mesure draconienne sert également à réduire le coût de l'essence. "Étant donné que le Programme d'incitation pour les véhicules électriques et à hydrogène et les programmes d'incitation à la recharge des véhicules électriques sont financés par des fonds du programme de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone, ces programmes sont annulés", a indiqué le ministère des Transports de l'Ontario. De plus, le Programme d'incitatifs à la recharge de véhicules électriques est annulé à compter de cette même date (11 juillet). Les bornes de recharge achetées et/ou installées avant cette date pourront recevoir des incitatifs si la demande est présentée dans les 60 jours suivant le 11 juillet 2018. Qui dit prix de l'essence plus bas, dit plus de consommation, donc plus de pollution. Pour financer ça, on coupe dans les programmes environnementaux et de transport zéro émission. On arrête pas le progrès! Le cas de la Colombie Britannique Cette province est la pionnière au Canada en matière de tarification du carbone. En effet, saviez-vous qu'une taxe carbone est appliquée depuis 2008? Ça fait donc plus de 10 ans. Et les impacts sur l'économie? Selon le site web de la province, (https://www2.gov.bc.ca/gov/content/environment/climate-change/planning-and-action/carbon-tax) l'économie à progressé de 17% alors que les émissions des GES ont diminué de près de 5%. Élections à venir cet automne au Québec Déjà nous apercevons des pancartes pré-électorales, ce qui signifie que les machines électorales sont bien enclenchées. Un récent sondage sur des groupes FaceBook ont attiré mon attention sur ce qui pourrait se passer sur les programmes qui ont été démantelés par les conservateurs en Ontario. Les positions de certains partis politiques sont plutôt bien connues sur l'électrification des transports et les enjeux environnementaux. Je pense ici au gouvernement Libéral sortant et au Parti Québécois. Là où le portrait est moins clair, c'est du coté de la Coalition Avenir Québec (CAQ). J'ai donc consulté les orientations de la CAQ sur leur site web : on y apprend ce qui suit pour les différentes catégories d'enjeux :
Devant l'incertitude des affirmations contenues dans les orientations, je me suis donc adressé aux députés concernés de cette formation politique :
Dans le contexte actuel, où le nouveau gouvernement Ford de l'Ontario vient de sabrer dans 2 importants programmes liés à l'environnement et l'électrification des transports :
Réponse obtenue de l'attaché politique du député de Masson, Mathieu Lemay : En ce qui concerne le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE), nous croyons fermement au maintien de ce programme qui s’avère être une source de revenus importante pour le Fonds vert. Le chef de la Coalition Avenir Québec, monsieur François Legault, a par ailleurs pris l’engagement de conserver ce programme en mars dernier lorsque monsieur Ford avait alors énoncé sa proposition. Pour ce qui est du programme Roulez Électrique (sic), la CAQ entend assurément maintenir des incitatifs afin que de plus en plus de Québécois puissent acheter des véhicules à faible ou zéro émission. Monsieur Lemay, porte-parole en Environnement, a activement travaillé sur le projet de loi No. 104, la loi concernant les véhicules zéro émission afin de permettre d’obtenir une loi qui allait faciliter l’atteinte de nos objectifs. Force est toutefois de constater que l’objectif de 100 000 véhicules électriques au Québec d’ici 2020 du gouvernement libéral sera difficilement atteignable et que les mesures prises par les libéraux d’imposer des crédits aux fabricants automobiles risquent d’avoir des conséquences financières sur les consommateurs. Un tel programme est donc important pour l’atteinte de nos objectifs ambitieux, mais il faut s’assurer de la réussite des incitatifs * . Il semble que nos programmes ne seront pas à risque de démantèlement au Québec, d'ici 2020 à tout le moins. * La dernière affirmation de la CAQ fera l'objet d'une prochaine chronique. sources :
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AuteurRichard Lemelin Archives
Janvier 2019
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